Celui-là, ça faisait longtemps qu’il me faisait de l’œil, mais mon envie était gentiment restée au chaud, attendant que son heure vienne, prise par le charme envoutant du trail depuis plus deux ans déjà ...
Il faut dire aussi qu’après mon aventure au Trail de Bourbon,
grandiose, puissante et bouleversante, je ne ressentais nullement le besoin ni l’envie
de me fixer un nouveau défi. J’avais plutôt besoin de prendre le temps de laisser revenir
doucement des sensations plus ordinaires …
Juste le
plaisir de courir, au gré
de mes envies, sans aucune contrainte ni aucun objectif particulier.
Et puis, doucement, comme si elle s’éveillait d’un
long sommeil, l’envie est revenue. D’abord comme un frémissement, puis plus assurée. Alors, j’ai
commencé à réfléchir...
J’ai
d’abord
cherché du côté
des trails, mais... non. Sauf ceux du bord de mer…
Et en cherchant mieux, un nom a résonné bien fort dans mon esprit : Barcelone,
bien sûr
!!! J’aime
cette ville, son architecture, ses ports, ses artistes, son énergie...
À
la fois cosmopolite et si intime. Bref, ce serait Barcelone ou... Barcelone !!!
Et donc un Marathon !!!
Septembre et octobre m’ont servi de période de débourrage
!! J’ai
rangé mes trails au chaud
et j’ai
retrouvé les sentiers plats
et les jolies allées
angevines.
En novembre, j’ai décidé de faire appel à nouveau à Pat Masson, coach sportif nantais qui sévit sur la toile. J’apprécie sa rigueur et l’attention
qu’il
porte au suivi de ses coureurs. Il m’a concocté un plan aux petits oignons, avec une montée en charge progressive jusqu’à janvier où là,
les choses sérieuses ont
commencé...
Pas facile de s’entraîner
par tous les temps, mais, plus les
semaines passaient et plus ma motivation grandissait. Et puis, le compte à rebours a enfin lancé son tic-tac lancinant et... Nous
y voilà !!!
Arrivée
deux jours avant, histoire de joindre l’agréable
à l’agréable, l’immersion était parfaite ! J’avais
décidé de retirer mon dossard dès le vendredi afin d’éviter la cohue et j’ai
bien fait !!
Ambiance légère, sourires sur toutes les lèvres, accueil hyper chaleureux à
chaque stand... Rien de mieux pour éviter
le stress. Tout en se mettant tout de même
sacrément dans le bain !!
Parfait !!
Tout se déroulait de manière fluide, presque vaporeuse.
Samedi, j’avais rendez-vous avec Véronique
D., une cafeuse à découvrir en vrai... depuis le
temps !! Rendez-vous au stand Addidas où
j’espérais aussi croiser Lapinou !!
Comme chaque fois, la magie a opéré…
Papotages et rigolades au programme avec en prime, le plaisir de se découvrir.
Véronique
ne courrait pas cette année, mais accompagnait des amies
coureuses.
On se quitte sous une pluie battante et glaciale qui nous a
accompagnés toute la journée à grands coups de rafales réfrigérantes.
Je n’avais
rien prévu
contre la pluie sachant que de toute façon, après plus de 4h30 de course, je serais
trempée…
Ben oui, la pluie, ça me connaît !
Je n’avais,
en revanche, pas envisagé ce froid. Mais là, j’avais de quoi faire…!
Surtout après mon passage à l’Expo-Sport de la veille…
Dimanche : le jour J.
Il fait un temps absolument parfait !! Grand ciel bleu tout propre et un joyeux
soleil déjà
tout radieux !! Je rejoins le site par le métro, ce qui me rappelle
des souvenirs parisiens. Et oui, ma seule, mais magnifique expérience
de marathon, c’est celui de Paris en 2012. Même temps et même mode de
transport à la fraiche. Et même foule bigarrée. Curieux mélange
de fêtards
sur le retour et de sportifs bariolés…!!
Je rejoins un peu nerveuse le sas de départ.
Il y a un monde fou, il faut se glisser pour atteindre l’entrée
du bâtiment
pour déposer
ses ptites affaires puis se laisser emporter par ce même flot pour aller
vers le sas des + de quatre heures pour ce qui me concerne. J’ai
la sensation de flotter. Je suis étonnamment calme, juste agacée
par un œil
qui me titille, que je frotte et que je refrotte jusqu’à me retrouver avec
ma lentille dans la main… Gloups !! À trois minutes du départ
de mon groupe, faut assurer… Et j’y arrive !! Et hop-là !!
Du coup, je n’ai rien entendu des animations hurlantes, rien vu des lancés
de confettis spectaculaires, rien ressenti non plus, si ce n’est
de faire trèèèès vite !
Pan !! C’est parti. Quinze bonnes minutes après
les premiers, mais qu’importe !! C’est mon top-départ !!
Mes jambes se mettent en marche… Et ma tête
aussi !!
Surtout ne pas partir trop vite, prendre le temps de l’échauffement dont j’ai
pris l’habitude
du rituel pendant mes entrainements. Dix minutes tranquilou et on augmente
doucement le rythme… Résultat, je passe le km 10 avec quelques minutes d’avance
sur ce que je me suis fixé. Mais je gère.
Le faux plat entre le 5e et le 8e me ralentit un peu, mais
je reprends mon rythme dès que le plat reprend sa place. Quant aux pentes douces,
elles sont un vrai ptit bonheur pour tout relâcher, ce que je fais avec un grand
sourire…
Premier passage sympa devant el Camp Nou. Puis, une grande ballade avant d’atteindre
la Perdrera, maison de Gaudi. Le parcours est absolument fantastique !!
Pas monotone pour deux sous. Une magnifique ballade au petit trot !!
Passé le km 15, je prends le temps de boire aux ravitos, mais
sans m’arrêter ;
je n’en
ressens pas le besoin. La Sagrada Familia
nous accueille à ses pieds, majestueuse et superbe !! J’ai
calmé
un peu ma foulée, mais je continue d’un bon train.
J’essaie de suivre les conseils de Pat : contrôler
ma fréquence
cardiaque (pas simple…), courir au rythme décidé (ça non plus, ce n’est
pas simple…!), mais aussi boire et s’alimenter aux bons moments…
J’ai
tellement répété ces conseils dans ma tête qu’ils me viennent spontanément
à
l’esprit…!!
J’ai
la sensation un peu euphorisante de… contrôler un ptit peu les choses !! Et ça, c’est à la fois nouveau et…
magique !!!
Enfin un bon train par rapport à mes objectifs
parce qu’en
réalité,
les premiers doivent déjà commencer à sentir l’écurie…
(j’exagère
un peu, c’est mon coté tortue admirative…!)
Partout une super ambiance !! Les Barcelonais se sont déplacés
en masse et s’en donnent à cœur joie !! J’apprécie
une nouvelle fois d’avoir mon prénom sur mon dossard !!
C’est
toujours un vrai bonheur d’être encouragée par son prénom !!
Bien que je sache parfaitement que ce sont des inconnus, j’irais
presque les embrasser pour leur soutien à MON égard…!!
Bref, je suis bien, je me sens bien, il fait super beau,
les gens sont top, l’ambiance est géniale…
Mais je viens de passer le 18e km et là,
les choses se gâtent un peu… Côté papattes, tout répond
parfaitement. Côté souffle et cardio, tout est nickel. Mais, j’ai par moment l’impression d’avoir
comme des pincements dans le bas du ventre… Gloups !! Je serre les dents et tente de
très
vite oublier cette sensation désagréable !! Pour tout arranger, je suis
dans la partie du parcours que je redoutais en le visualisant :
un lonnnng aller-retour sur 5 km dont les 2.5 premiers en faux plat !!
Il commence à faire bien chaud, cette montée
n’en
finit pas, je n’en vois pas le bout, mais surtout… la vache !!
J’ai
mal au bide !!!!
Je passe le 20 ème plutôt satisfaite de mon chrono, mais
toujours avec un sourire façon tôle ondulée … Je n’ai plus le choix. Il FAUT que m’arrête
pour faire une pause technique !! Et je découvre ce que j’ai
lu dans de nombreux comptes-rendus de course : le « charme »
si particulier des sanisettes…!! Sagement rangées,
et face à
elles, une trop longue file de coureurs aussi impatients et crispés
que moi. Et je ne parle pas de ma frustration de voir les minutes défiler
en me narguant sournoisement… Je vous passerai les détails,
mais par trois fois, j’ai du m’arrêter en grinçant des dents !!
Ce qui m’a
finalement pas mal ralentie… Et chaque fois, hop hop hop, je
repartais vaillamment à la découverte de la ville…!!
J’ai ainsi continué au gré du parcours, toujours soutenue par la
foule et au rythme des nombreuses formations musicales !! Des percu,
des groupes de rock, un violon, un saxo, des danseuses… et toujours
des enfants, des personnes âgées, toute une foule souriante et
tellement enthousiaste !!
Il y a eu des moments moins drôles, notamment une
longue ligne droite tout près du périph qui m’a semblé
bien monotone et ennuyeuse, MAIS, j’étais à Barcelone, sous le soleil…!!
Et rien que ça me redonnait le sourire immédiatement !!!
On s’est baladés dans les quartiers anciens, on est
passés
devant des bâtisses à couper le souffle, les Ramblas au printemps ont un charme fou,
on a couru dans des avenues superbes…
Et le mur est arrivé sans prévenir… au 35e km… Paf !!
Prends ça !!
Le trou noir !! Plus aucune envie de courir même
si je continuais à le faire, centrée sur ma tuyauterie récalcitrante
et mes plantes de pieds en feu. N’ayant plus du tout envie de profiter
de ce qui m’entourait. Bref, un sale moment qui heureusement est passé
plutôt
vite grâce
à
l’apparition,
au bon moment, de Jean-Pierre, mon mari, qui m’avait loupée à
tous les points de rencontre possibles !! Et là, au 37e km, quasiment
arrivée
à
l’arc
de triomphe, le voilà qui crie mon prénom et m’arrache de ma vilaine bulle pour me
faire poser en plein parcours !! Hop !! Photo, sourire,
joie, bonheur, émotion… Et je repars une nouvelle fois, mais
là,
toute réjouie !!
On m’avait prévenue de l’interminable faux
plat des deux derniers km… Je confirme ! Ils sont
bien là…
Je franchis la ligne en hurlant de joie, les bras haut levés !!
Et puis, je fonds en larme, submergée par mes émotions !!
Je l’ai fait !!
Pour la seconde fois, j’ai réussi …en 4h45, soit ce que je m’étais
fixé
officiellement !! Officieusement, j’espérais être plus proche des 4h30, mais ça
se sera pour une autre fois !!!
Mais mais … 15 mn de moins que sur le Marathon de Paris et ça, ça en jette un peu quand même !!!
Mais mais … 15 mn de moins que sur le Marathon de Paris et ça, ça en jette un peu quand même !!!
J’étais en larmes et une coureuse m’a prise dans ses
bras pour me féliciter !! Moment fugace et délicieux
d’intense
complicité !!! Quand j’ai
repris « conscience »
j’ai
réalisé
que je tremblais comme une feuille… Mais je retrouvais ce nuage que j’aime
tant ressentir… Celui de la victoire sur soi-même, de la joie
profonde de s’être fixé un objectif et de l’avoir
atteint !
D’autant
que je ne l’avais revu depuis un long moment…
Alors tout en grelottant et avec une démarche
qui déjà
prenait l’allure chaloupée de celle des pingouins, j’ai
rejoint les vestiaires et récupéré mes précieuses tongs que j’ai
mis un très long moment à enfiler… Entre tremblements, crampes et
syndrome de Reynaud, ce n’était pas gagné !!
J’ai retrouvé aussi mon mari, et puis nous sommes
rentrés
doucement…
Juste un ptit regret : pas de maillot de finisher…
J’ai laissé derrière moi le joyeux chahut de la foule
qui continuait à encourager les finishers,
pour retourner au calme, et commencer à distiller toutes ces émotions
qui m’ont
accompagnée tout ce temps… Et aussi soigner mes ptits bobos…
Des broutilles face à ce bonheur qui me submerge encore…