"
La sagesse suprême est
d'avoir des rêves
assez grands pour ne pas les perdre du regard
quand on les poursuit... "
William
Faulkner
10 mois !! 10 mois que je préparais cette rencontre !!
Tout a commencé par un demi-siècle à digérer !! Pour faire passer la pilule, il me
fallait un truc grandiose... Quoi de mieux donc que ce Trail du Bourbon ? Autant la Diagonale
semblait absolument hors de portée,
autant ce Bourbon me plaisait !!
93 kilomètres
et plus de 6000 mètres
de dénivelé positif !! Certes, ce n'est pas une mince
affaire, mais justement... C'était
ce que je voulais ! Tenter de relever un gros défi, tant sur le fond que sur la forme...
Après des mois et des mois de préparation - en substance pas loin de 300
heures d'entraînement,
près de 1800 km parcourus et
quasiment 15000 mètres
de dénivelé positif - on peut dire que j'étais prête à en découdre...!!
Ou du moins, j'avais fait ce qu'il
fallait ...!!
Enfin, je dis ça mais en réalité,
comment en être sûre ??? De toute façon, les dés étaient
jetés, et c'était à mon
tour de me lancer !!! Je prendrai le départ
le samedi 19 octobre à 4
heures du matin, ça au
moins, c'était
certain !!!
Les jours qui ont précédé le départ
me semblent un peu irréels...
Difficile de vraiment profiter, à la
fois de l'île et
des personnes qui m'entourent !! J'ai une douce sensation de flottement, le
sentiment assez agréable,
mais aussi angoissant, de sentir les jours défiler inéluctablement...
Heureusement, je suis accompagnée par
Jean-Pierre, mon patient et attentif mari, et par Pascal, son cousin, installé à la Réunion depuis des années et passionné par les merveilles et les dénivelés que
son île possède en trésors !
Ils se chargent de régler
l'intendance, me laissant libre de cogiter et triturer mes pensées...
Pourtant, doucement, les choses se
mettent en place...
Mercredi :
Nous allons chercher mon dossard...
Je découvre, le cœur battant et chargé de cette émotion si particulière, les prémices de cette excitation qui ne me quittera
plus jusqu'au top-départ
!!
Le stade de la redoute s'offre à moi sous un soleil de plomb... La ligne
d'arrivée, le
podium, le speaker... Tout est en place, bien réel !! Des centaines de personnes sont là, souriantes et décontractées, du
moins en apparence...! En longues files indiennes, tous attendent leur tour
pour recevoir leur sésame...
Pour moi ce sera : Nat Nat - 6130 .
La
ferveur est générale.
Et elle résonne
comme le diapason donne le la... pure et obsédante à la
fois...!
Moi, elle me prend aux tripes tellement
elle hurle dans ma tête...
Houlala, je sens que le compte à
rebours va être
difficile à
vivre...
Ta bulle, Nat... Ta bulle !!!
Pascal me propose de randonner dans
la savane, histoire de me familiariser quelque peu avec le terrain, dérouiller mes jambes et surtout... décompresser !!! J'ai beau me sentir à l'aise, je dégage une tension qui semble le toucher
directement...
C'est à ce moment que quelque chose bouge en moi...
Mes idées commencent à se rassembler, s'organiser... Mon esprit arrête de faire comme un singe fou dans sa trop
petite cage, bondissant et virevoltant d'une grille à l'autre de ses parois invisibles...
Les mots concentration et visualisation
prennent tout leur sens...
Je me connecte avec les effets de ma
préparation... Chaque thématique travaillée se concrétise... Chaque expérience apporte son lot d'infos. Comme une
corde à un
arc : les dénivelés, l'endurance fondamentale, les escaliers,
les sorties longues, les descentes, les séances
d'abdos, les courses aussi, même
celles non terminées...
Chaque thème
devient un atout que je maitrise plus ou moins, mais un atout dont je pourrai
me servir pendant ma course.
Doucement, je tisse avec les fils
invisibles de cet ensemble, une sorte de toile qui m'enveloppe... Je me sens
comme une chrysalide dans son cocon, attendant son heure pour s'envoler... Mais
ce n'est pas encore l'heure...
Je continue donc ce travail
silencieux et mental... Je crée ma bulle, pendant que le temps continue son
œuvre.
Jeudi :
Inspection générale
de mon matériel
et préparation
de mes sacs !!
Cet exercice m'excite et me ravie à la fois... Il arrive à point nommé pour concrétiser ma course...
Cet exercice m'excite et me ravie à la fois... Il arrive à point nommé pour concrétiser ma course...
- Comment m' habiller au départ, sachant que je pars à 4 heures du mat, que l'ascension du Piton
des neiges n'est pas une mince affaire, que je risque d'avoir chaud mais que là-haut, à 8
heures du mat, il peut faire plus que frisquet ?... Sachant également que la descente me ramènera vers la chaleur tropicale très rapidement !!
- Comment faire mon sac d'assistance
de la mi-course, sachant qu'à ce
moment là la
nuit sera tombée et
que je devrai gérer la
fatigue et les ptits coups de mou ?...
- Comment prévoir l'essentiel et le superflu que
Jean-Pierre aura avec lui, et donc pour moi, dès qu'il pourra croiser mon chemin ?...
Je passe un long moment à choisir et à décider....
Ma stratégie
prend forme... Ma bulle aussi...! La chrysalide continue à tisser sa toile... Chaque étape d’
avant-course lui donne accès à un nouveau fil qui vient s'ajouter aux
autres harmonieusement...!
Jeudi, le départ de la Diagonale des fous est donné à 23 heures... J'ai une pensée émue
pour mes amis qui se sont préparés avec moi et qui prennent le départ... Go go gooooo les garçons !!!
La télé est
bloquée sur
Canalsat qui passe en boucle reportages et infos de l'événement...
J'ai l'impression de connaître par cœur le dénivelé et les paysages vertigineux de cette course
qui n'est pas la mienne...
Vendredi :
Je me sens et me sais silencieuse...
C'est rare... Ceux qui me connaissent ne me contrediront pas ...!!
Mes sacs sont prêts...
Mentalement, je me sens prête.
La chrysalide commence à se sentir à l'étroit
dans son cocon, mais pourtant elle s'y sent bien... Encore trop tôt pour le déchirer...
Matinée à la
plage et sieste prolongée, tant
bien que mal, jusqu'à 22
heures... J'ai la chance de pouvoir profiter des papouilles de Pierre, l'ostéopathe qui suit les garçons pendant toute leur course... Sentir ses
mains expertes sur mes jambes me fait un bien fou... Mon cœur s'emballe un peu... Je commence à avoir du mal à me contenir !!!
Minuit :
Cette fois ci, c'est le moment... Je
sors de mon cocon pour le remplacer par mon équipement... La bulle qui s'est formée autour de moi est si épaisse que même le coup de fil de ma meilleure amie n'arrive
à la percer... Je suis dans
une sorte d'intense concentration, un calme presque douloureux s'impose à moi...
Nous partons Jean-Pierre et moi pour
Cilaos... Je me laisse bercer par la voiture qui zigzague le long des deux
cents virages que forme cette étroite
et vertigineuse route vers le départ...
Mon cœur bat la chamade, pourtant je me sens très calme, comme habitée par une sorte de force intérieure...
En fait, je n'ai plus peur.
J'ai mentalement posé mes jalons sur ce parcours tant et tant de fois
lu, vu et observé sur
le papier... De la froide et implacable
ligne du profil présenté sur le site internet, au descriptif méticuleux du roadbook ; de la vidéo étape par étape de sfr.re,
aux témoignages
bien vivants et en images de Denis et des autres qui l'ont vécu ; rien de ce qui m'a été donné n'a échappé à mon
analyse...
Samedi, 3h55...
Le top départ va être
donné... Nous sommes presque
mille cinq cents dans un enclos presque trop petit pour nous... Le discours est
vite envoyé... Un
dernier regard pour Jean-Pierre et c'est parti... Le groupe se met en
mouvement... Long serpent humain... Sous les bravos fervents des spectateurs...
Puis, c'est le silence. Relatif...
C'est bruyant finalement !! Ça
cause un peu, ça
s'encourage et se congratule...
Le rythme que je m'impose est
finalement celui de la plupart et j'aime ça ! Ça me rassure... Pour une fois, je suis dans
le bon tempo...
J´allume ma frontale, davantage par confort que
par besoin tellement nous formons une ligne compacte et homogène ... Pourtant le groupe commence à s'étirer...
Comme la guimauve dans les mains d'un confiseur...
Et puis, arrive ( déjà ??!!
) l'ascension du Piton des neiges... c'est somptueux ...
Je ne suis pas à la fin mais bien installée dans la seconde moitié du groupe. Et ça me plait !! C'est encore beaucoup trop tôt pour le dire mais, il semblerait que, si je tiens ce rythme, je serai "large" par rapport à la première barrière horaire...
Je ne suis pas à la fin mais bien installée dans la seconde moitié du groupe. Et ça me plait !! C'est encore beaucoup trop tôt pour le dire mais, il semblerait que, si je tiens ce rythme, je serai "large" par rapport à la première barrière horaire...
C'est difficile, ça fait mal et ça n'en finit pas de monter, mais je
m'accroche à cette
idée. Je vais y arriver !
Enfin j'arrive au bout... Ou plutôt en haut !!
Je réalise que je n'ai pas trop souffert, et que
je tiens, bon an mal an un rythme correct !!
Il faut encore trottiner pas mal
avant d'atteindre le premier pointage !! J'y crois j'y crois... Et j'arrive
avec presque trois quarts d'heure d'avance sur l'heure du couperet !Première victoire !!! Si si !!
D'abord parce que physiquement, je
tiens bien, mais surtout parce que pour la première fois, je PASSE une barrière horaire !! Et pas la moindre...
Certains de mes amis m'ont avoué qu'ils me voyaient stopper là mon aventure !! Et bien non !!! Je l'ai
fait... Et je continue !...
En vérité,
chaque passage de pointage, je le vis comme une vraie victoire !! J'exulte littéralement devant les bénévoles
médusés d'abord, et ravis pour moi juste après !!
J'ai d'ailleurs le privilège d'avoir été filmée au pointage du gite de Belouve (le second) et de faire partie du montage de la vidéo
officielle " Speciale-filles "
sur la réunion-sfr.re... Et sur le film, ma joie est palpable !!...
En voici le lien ... pour les curieux ...!!
http://grandraid.sfr.re/serv/SRRGrandRaidVideos?vid=65576&com=videsrrwebfrWEBZAPPING&vcid=32
En voici le lien ... pour les curieux ...!!
http://grandraid.sfr.re/serv/SRRGrandRaidVideos?vid=65576&com=videsrrwebfrWEBZAPPING&vcid=32
Courazzzz !!...
Je me sens bien...
Bien dans mon corps... Mes jambes répondent parfaitement, mon souffle est régulier et mon ptit cœur à son
aise.
Bien dans ma tête. Une sorte d'euphorie me gagne, un large
sourire balaie mon visage, je me sens presque en communion avec la nature
dense, gorgée de
vie végétale et minérale qui m'encercle. Je vois tout. Je me
nourris avec gourmandise de ce spectacle tant rêvé qui
s'offre à moi.
J'en distille toute sa saveur...
Mon sac d'hydratation est tout simplement
parfait ! Il épouse
mon corps parfaitement et se fait délicieusement
oublier malgré son
volume et son poids.
Bref, TOUT VA BIEN.
Je peine de plus en plus dans les
montées, mais ma force est dans
les descentes !! Je remercie mentalement David, le coach, pour toutes ces
sorties où les
descentes étaient
privilégiées... Je me régale à
sauter, dévaler
parfois, me risquer souvent et surtout y arriver... Je double en m'excusant,
tous ceux qui me doublent dans les montées, et
nous jouerons à ce
petit jeu longtemps... Mais les joueurs se font plus rares au fur et à mesure que la course avance...
« Courazzzz ...!! Courazzzz, Madame la zupette
!!!... » Ce
sont les mots que j'entends le plus autour de moi.
Enfin, je rejoins Hellbourg et son
gros ravito... J'arrive à
atteindre le pointage... Une minute avant la fermeture !! J'ai eu chaud !! Au
propre comme au figuré...
Je prends le temps de strapper ma
cheville droite qui, après
moult couinements, devient anormalement laxe et douloureuse... Un hématome s'est formé tout autour mais c'est correct. Et je soigne
aussi une énorme
ampoule qui s'est formée sur
mon talon, côté intérieur
du pied... droit !
Je me restaure rapidement et trop
peu... Ma bulle est toujours active et présente
mais elle a des fuites, comme de petites fissures par lesquelles mon énergie et surtout ma sensation de "
compact " s'évaporent
doucement !
Mais je repars, toujours motivée ! Je visualise mentalement la carte du dénivelé de
l'ascension jusqu'à la
Plaine des merles. Je sais que je vais vivre la seconde vraie difficulté de la course...
Il fait très chaud, et j'ai de drôles de sensations... Je me sens lourde et
chaque montée de
marches est une difficulté... Je
n'arrive plus à
positiver et je m'enferme dans une sorte de labyrinthe émotionnel dont je ne trouve pas la sortie...
J'ai envie de lâcher
l'affaire, retrouver Jean-Pierre, me cacher sous ma couette, disparaître... Nat Nat ? Connais pô !!
Et pourtant, je continue... Et
doucement la magie opère...
La nature superbe s'impose à moi
et m'aide à
retrouver ma lucidité envolée... Tout ce qui fait écho à ma
motivation compose alors une sérénade de pensées positives : pourquoi je suis là, la chance que j'ai de vivre ça, la joie que je ressens, l'énergie de cette nature luxuriante, sauvage et
violente qui m'est offerte, et Brinouille aussi, cette nouvelle étoile au dessus de ma tête...
Le sol n'en finit pas de varier ses
caprices... Des grosses pierres, des racines, de la poussière rouge, fine et pénétrante,
des rondins grossiers et glissants... Le tout entrecoupé de petits ruisseaux bouillonnants dans
lesquels je m'asperge avec frénésie et bonheur avant de reprendre mon chemin.
Chaque ruisseau est une récompense,
chaque difficulté derrière moi une nouvelle petite victoire...
J'arrive limite-limite à cette quatrième barrière !!
Je ne suis plus euphorique... Juste éperdument
heureuse d'avoir une nouvelle fois réussi
cet " exploit ". Mon énergie
s'est mise en mode économique
... Il faut préserver
ma bulle ...
Le soleil va bientôt se coucher... Je ne dois pas perdre de
temps !... Jean-Pierre est là, avec
ce qu'il me faut pour continuer. Un bol de soupe infâme que j'ai du mal à avaler, quelques canapés au saucisson, changement de veste, une
poignée de
gels supplémentaire
dans le sac, un peu d'eau, une claque sur les fesses et c'est déjà
reparti...
L'enfer au paradis ...
Pourtant, j'attaque cette partie
avec cœur et
motivation... J'y crois toujours et la perspective d'attaquer la nuit,
curieusement, m'excite positivement !...
Je sais que je joue avec le temps...
Un jeu épuisant
mentalement, mais dont je suis prête à relever une nouvelle fois le défi !!! Alors j'y vais... Je dévale, je joue dans les cailloux et les
racines. Je dévie
les pièges
grossiers mais... pas tous, hélas
!!!
Une douleur me mord violemment la
cheville. J'en ai le souffle coupé. Je
l'avais oubliée
celle-là...
Tremblante, je reprends ma descente. Moins assurée, je me concentre sur le faisceau lumineux
de ma frontale. Il fait chaud ? Non !! Mais je transpire sous l'effort contenu.
Je reprends confiance jusqu'à une
nouvelle décharge
!! Et encore, et encore une...
La nuit est totalement tombée. Les ombres qui se forment sont
monstrueuses... J'ai l'impression de vivre la course folle de banche neige dans
la forêt !...
Les racines semblent énormes
et distordues, et d'incroyables chauve-souris dodues me frôlent le visage... J'ai cru que c'était des hallus dues à la fatigue, mais on m'a bien confirmée leur présence silencieuse...
Sauf que moi, je ne cours plus... Je
choisis avec soin les pierres sur lesquelles je vais poser mes pieds.
Je reste concentrée. Je sais que j'avance... Et que ce n'est
qu'une énorme
descente avant de rejoindre Aurère !
Je me sens calme mais douloureuse.
J'ai de moins en moins confiance en ma cheville. Je sens que je compense et mon
genou gauche couine un peu... Histoire de faire écho !!
À cet instant, je me maudis !!! Quelle grossière erreur ai-je fait !! En oubliant de
refaire un strap tout neuf avant de repartir, j'ai quasiment annulé toutes mes chances de descendre en confiance
!!!
C'est trop bête !! J'ai pensé à
manger et à
boire, à me
changer... Mais pas à
assurer mes chevilles ni mon ampoule !...
Tout en ruminant ces obsédantes pensées, j'ai une très mauvaise surprise... Pour atteindre Aurère et son nouveau pointage, je dois à nouveau monter un enoooooooorme escalier
taillé à même la
pierre... 930 mètres
d'ascension presque à la
verticale !!
Ce n'est plus une course mais un
chemin de croix !... Je vis l'enfer au paradis...
Ça y est... J'ai compris... Je le sens... Ma
course va bientôt
s'arrêter.
Mes forces m'abandonnent et avec, ma
motivation et toutes ces magnifiques pensées !
Ma bulle s'est évaporée à son tour, me laissant seule au milieu de la
nuit, dans cet escalier infernal qui n'en finit pas...
Et puis, enfin, la fin du
cauchemar... Une lumière
scintille, signifiant ainsi qu'il y a au moins une âme pas loin !...
Et ma motivation revient aussi...
Oubliées
toutes ces mauvaises pensées
!... Je reprends espoir ... Mon moral fait le yoyo et mes nerfs sont à vifs.
J'arrive en boitillant au pointage,
accueillie par des bénévoles enthousiastes et bienveillants !...
Leurs sourires me réchauffent
instantanément
le cœur !... Je rassemble mes
neurones éparpillés un peu partout afin de faire le point. Je
peux repartir. Ce pointage n'est pas disqualificatif... Cependant, j'ai plus
d'une 1/2 heure de retard sur la barrière
suivante, à la
Rivière de galets...
Certes, ce n'est, cette fois-ci, que
de la descente... Mais, aurai-je l'énergie
? Est ce raisonnable, compte tenu de mon état général
???
Les questions virevoltent dans ma tête. Je dois décider vite... Si je ne veux pas perdre trop
de temps...
Ma décision sera prise assez vite. Pas question
cette fois de repartir sans strap.
Direction
l'infirmerie où là, le constat est sans appel !!!
Un magnifique hématome s'est formé tout autour de ma cheville, elle-même jouant dans la catégorie " poteau ".
Quant à mon ampoule, elle est transformée en sémaphore
rougeoyant et couvre les deux tiers de l'intérieur de mon talon.
La nouveauté, toujours au pied droit (on ne change pas
une équipe qui gagne hein !!...), c'est que l'ongle de mon gros orteil
donne des signes inquiétants...
Martyrisé comme
il l'est, c'est sûr,
celui-là ne
passera pas l'hiver...
À la vue de tous ces petits gâchis, je suis tellement dégoûtée que j'en vomis... Suite et fin de
l'aventure !...
Heureusement, la générosité, la gentillesse et la sympathie prodiguées par toute cette bande de joyeux bénévoles
m'aident à me détendre et à apprécier
ce moment, une fois de plus, unique... Un magnifique cadeau !
Je vais passer la nuit à Aurère, au
cœur du cirque de Mafate. Au
cœur de cette nature
tellement plus forte que moi mais tellement attirante...
Dans le noir du dortoir
improvisé, dans
l'unique salle de classe de l'école
d'Aurère, je
revis ma course. Les images et les émotions
défilent en accéléré. Les larmes coulent sans bruit sur mes
joues...
Arrêt sur
image. Nuit !
Le lendemain, c'est l'effervescence dès 6h00.
Le lendemain, c'est l'effervescence dès 6h00.
Tout doit être rassemblé avant 7 heures, heure à laquelle l'hélicoptère débutera son ballet aérien pour transporter tous les ballots
contenant le poste de ravito ... Le ciel, l'accès le plus facile pour accéder au plus profond de ce cirque ... Et sinon
... C'est à pied
...
Petit déj animé,
dernier soin aux bobos et je me mets en marche. Je suis engourdie, mais je ne
souffre pas vraiment. Ma cheville me boude, mon ampoule aussi ! ... Quant à mon gros orteil, j'ai l'impression qu'il va
exploser ...
Je vis mon cadeau de consolation...
La descente vers la Rivière de
Galets est splendide, vertigineuse et technique. Je suis pétrifiée par
la majesté des
paysages... À
nouveau, j'en pleure d'émotions...
Je me lâche un peu... C'est bon !!
Des larmes pour ce défi que je n'ai pas pu relever jusqu'au bout.
Des larmes pour cette aventure qui
se termine.
Des larmes pour tout ce concentré d'émotions
qui fait battre mon cœur si
fort.
Des larmes pour la joie d'avoir pu
participer et vivre tout ça.
Des larmes de fierté pour le chemin parcouru et les difficultés surmontées.
17 heures de course et presque 60 km
parcourus. 5 barrières
horaires franchies. 5,5 litres d'eau avalés, 1
paire de chaussures explosée, et
des milliers de sensations plein le corps et la tête...
J'avais prévu d'écouter
de la musique pour m'accompagner dans la nuit. Je ne l'aurais finalement pas
entendue une seule fois... La sauvage symphonie qui m'a été
offerte était
encore plus belle...
Mon téléphone
lui aussi est resté éteint pendant toute mon aventure, afin d'être sûre de
rester dans ma bulle...
Seules mes pensées vagabondaient et me tenaient compagnie.
C'était le bon choix...
En allant chercher au stade de la
Redoute le sac d'assistance que je n'ai donc pas utilisé, j'ai croisé des centaines de coureurs et leurs amis.
Certains semblaient fatigués mais
tous avaient ce sourire particulier aux lèvres...
Je pense avoir le même depuis... Et qui ne s'estompe pas
encore...Celui du plaisir d'avoir tenté un
truc de fou... Et d'être
sans doute allée un
peu plus loin au bout de moi-même...
J'ai vibré tout le long de ton parcours à travers un suivi live et grâce à un de tes amis ;-) Je comprends bien tes victoires moi qui me bats toujours avec les BH ! ! Ton récit est tout simplement aussi magnifique que le parcours que tu as brillamment réussi !
RépondreSupprimerEncore un immense applaudissement devant tellement d'humilité !! Encore un grand bravo à toi ;-)
Merci Karo !! Pour m'avoir suivie et encouragée pendant ma folle course et merci aussi pour tes bravos ...
Supprimerarf une larme a coulé en lisant ton recit
RépondreSupprimerun grand ,un tres grand bravo à toi,j'ai l'impression d'avoir couru à tes cotés
bravo championne,ce que tu as fais est divin
RESPECT avec un grand R
je suis contente que mes mots te touchent et que tu aies couru avec moi en me lisant ... Divin, peut-être pas mais c'était grand, c'est sûr !!!
Supprimermerci pour ton soutien !
c'est une ode à la vie ton CR ! Rien que de le lire donne envie de t'écouter, te parler et que tu nous racontes encore. C'est vraiment fabuleux ces ultras, vécus comme ça. Chapeau la belle, tu es décidément vachement bluffante... Alors, comment se porte ce gros orteil? cette cheville? Groooos bisous, merci merci merci pour toutes ces émotions.
RépondreSupprimeril fallait que je sois à nouveau en france pour te répondre ... autant dire que pour une pipelette comme moi, c'est difficile !!!
Supprimermerci pour tes mots ...
je commence la kiné cette semain pour ma cheville ... qui se porte plutot bien ... quant à mes ongles .. beurk beurk beuuuuuuuurk !!!!
Un grand merci pour ce recit plein d'émotion, toujours un plaisir de te lire. Encore un grand BRAVO nat nat!
RépondreSupprimerben j'ai pensé à toi là-bas ... merci pour ton soutien et merci aussi d'apprécier mes papotages ...
SupprimerA très bientôt !!
Un très joli récit mais hélas un texte qui me laisse comme un petit poids sur le coeur. Je te l'ai déjà dit, un grand bravo pour ce que tu as fait mais je reste persuadé que tu serais arrivé au bout de la Mascareigne et que ton plaisir en aurait été que plus grand... Mais on ne change pas la Nat que je connais...
RépondreSupprimerpeut être serais je arrivée au bout de la Mascareigne ... mais c'etait le Trail de Bourbon qui m'a tout de suite fait de l'oeil ... et du coup, je n'ai pas un instant envisagé de participer à la plus courte ...
Supprimertu as sans doute raison ... mais chui comme ça !! toujours les yeux plus gros que le ventre ... cette année, je vais tenter de me "soigner " !! si si ... on en reparlera ...!! merci en tout cas de m'avoir lu !
Je me faisais la même rélfexion qu'Eric : finisheuse de la Mascareigne, sans aucun doute :)
RépondreSupprimerJ'ai eu plaisir à te lire, c'est très joliment écrit, merci d'avoir pris le temps de nous raconter ta belle histoire, et bon repos, tu t'es un peu abîmée alors répare-toi bien.
Merci Stella !! Je me retape vitesse grand V à grand renfort de soleil et de baignades ...
SupprimerMerci pour tous vos messages et vos bravos !!
RépondreSupprimerJ'ai voulu poser vite sur le papier mes émotions mais finalement, il m'a fallu presque 2 semaines pour digérer tout ça ....! Ma cheville va beaucoup mieux ... Je fais gaffe à bien la ménager mais en vacances, c'est tout de suite plus simple !!! Mes ampoules se sont éteintes gentiment et mes ongles te pieds font toujours la tête !!
Waouh, splendide ton CR, que d'émotions et quel sourire!
RépondreSupprimerBravo pour toutes tes "petites" victoires!
merci Guillemette !!
Supprimerj'aime mes petites victoires ... à défaut de grandes, elles m'apportent aussi beaucoup !! et puis ... à chacun ses défis !!!
Juste un mot '''Splendide'' comme toi ma belle.....j'ai pleurée en apprenant ton arrêt.;je suivais tes pas Message par message:)))
RépondreSupprimertu m'as fait voyager ,vibrer et pleurer,Nat'
GYGY
Tu sais, j'ai souvent pense à toi pendant la course !! Et quad j'ai vu que tu m'avais suivi et donné des news aux copinautes de caf, tu m'as vraiment touchée !!
SupprimerWaouh. Quel récit magnifique ! Moi aussi j'ai l'impression de l'avoir couru avec toi. Je suis vraiment heureux site tu aies pu vivre ce rêve. Et je t'en souhaite des milliers pareils dans les années qui viennent. Bisou !
RépondreSupprimerun grand merci pour tes mots !! je me suis régalée même si parfois la pilule etait dure à digerer ... d'ailleurs, la fin n'est pas passée mais que de bons souvenirs et quelle experience !!
SupprimerMoi aussi, je m'en souhaite des tas comme ça !!!
je t'embrasse
Bravo, bravo, bravo!!!!!
RépondreSupprimerMagnifique récit pour une magnifique course :)
merci pour le partage :)
Labona
Merci Labona !!
Supprimercontente que mon recit te plaise ...
je commence à avoir des fourmis dans les pattes mais il faut encore attendre un peu ... c'est ma cheville qui dit non !!!
Je viens de lire ton périple . Poignant , ça donne envie, en tout cas chapeau bas ! ce que tu as réalisé est grandiose. Félicitations , je t'embrasse.
RépondreSupprimerPatrick C
merci Patrick ! et c'est encore plus chouette si en plus, ça t'a donné envie !!
Supprimerbises
Oui c'est tout à fait ça... On a vraiment le sentiment d' avoir partagé cette belle aventure avec vous Nathalie, c'est tellement bien dit ! Et puis quelle poésie ! J'ai eu le bonheur, grâce à votre récit de voir ressurgir de grands moments vécus sur mes plus belles courses, des souvenirs que j'avais pourtant perdu. Bravo pour votre courage si exemplaire et merci ! merci !
RépondreSupprimerMerci Serge !! c'est un joli compliment ... j'aime l'idée de raviver de bons moments ... !!
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